Cession de l’entreprise

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Comme la cession est un point privilégié de passage du patrimoine professionnel vers le patrimoine privé, elle doit être soigneusement préparée. Au-delà du processus de sélection des repreneurs et des formalités, il faut s’interroger sur les modalités de l’opération, estimer le coût fiscal de la cession (impôt sur les plus-values), les opérations préalables à anticiper, négocier la garantie d’actif et de passif etc…
Cette séquence nécessite de réaliser un diagnostic de la situation patrimoniale du cédant, déterminer ses priorités et s’interroger sur l’après-cession : quels sont les projets futurs du dirigeant et de sa famille, comment transmettre une fraction du patrimoine à ses proches ? comment se structurer pour réinvestir une partie du produit de cession dans une nouvelle activité économique ?

Résumé des épisodes

La cession d’une entreprise est une étape importante dans la vie du chef d’entreprise et la fiscalité applicable à cette opération doit être prise en considération avec attention. Lorsque le dirigeant vend les titres de sa société soumise à l’IS (actions de SA ou de SAS, parts sociales de SARL, etc.), le gain net de cession est soumis de plein droit au prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 12,8 % auquel s’ajoutent les prélèvements sociaux de 17,2 %, soit une imposition globale de 30 %. Mais ce régime tend à se compliquer avec l’option pour le barème progressif, l’application ou non des abattements pour durée de détention et l’éligibilité conditionnelle de régime de faveur. Sans oublier les contributions pour hauts revenus…

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Pour calculer le coût fiscal d’une opération de cession de titres, plusieurs étapes doivent être franchies :

Tout d’abord, il faut calculer le montant de la plus-value à savoir le prix de cession – le prix d’acquisition des titres sans oublier d’imputer les frais et le cas échéant les éventuelles moins-values. Et enfin soumettre la plus-value nette ainsi calculée, à l’imposition.

Ce gain net de cession est soumis de plein droit au prélèvement forfaitaire unique de 12,8 %. S’y ajoutent les prélèvements sociaux de 17,2 %, et, le cas échéant, la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus de 3 ou de 4 %.

En lieu et place du prélèvement forfaitaire unique, le cédant peut opter pour une imposition au barème progressif de l’IR. Dans ce cas et si ses titres ont été acquis ou souscrits avant le 1er janvier 2018, un abattement proportionnel de 50 % ou 65 % s’applique sous conditions de durée de détention.

Attention, les prélèvements sociaux de 17.2 % et la CEHR sont calculés sur la plus-value brute avant application de tous les abattements.

L’option permet également de bénéficier de la fraction déductible de la CSG à concurrence de 6,8 %.

Cette option emporte également la taxation au barème de l’ensemble des plus-values et revenus financiers réalisés par le foyer fiscal du cédant.

Compte tenu de ces modalités d’imposition, une simulation comparative du coût fiscal selon que l’on soumet la plus-value à la flat tax ou au barème progressif, doit être réalisée.

Lors de la cession de son entreprise, le dirigeant actionnaire est souvent confronté à la question d’une reprise d’une nouvelle activité professionnelle.

Ainsi, s’il souhaite développer un nouveau projet professionnel, il peut être amené à apporter tout ou partie de ses titres à une société holding personnelle préalablement à la cession, cette opération d’apport cession lui permettant, sous condition de remploi, de mettre en report l’imposition due et de maximiser les liquidités issues de la vente des titres.

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Lors de la cession de son entreprise, le dirigeant actionnaire est souvent confronté à la question d’une reprise d’une nouvelle activité professionnelle.

Ainsi, s’il souhaite développer un nouveau projet professionnel il peut être amené à apporter tout ou partie de ses titres à une holding personnelle préalablement à la cession.

Ce mécanisme est toutefois très encadré et supporte de nombreuses contraintes de délais et d’obligations en termes de réinvestissement.

L’opération d’apport cession relevant de l’article 150-O B ter du CGI répond pour l’apporteur à l’objectif de différer ou de réduire la fiscalité immédiate afférente à la cession des titres et conduit à maximiser les liquidités issues de la vente des titres au travers du holding.

Pour bien comprendre, l’opération comprend plusieurs étapes distinctes :

En contrepartie de son apport, l’apporteur va recevoir des titres de la holding. L’opération ne produit aucune liquidité. C’est la raison pour laquelle le législateur a prévu un dispositif de différé d’imposition. Si l’apporteur contrôle la holding, il s’agira d’un report d’imposition : En clair, le paiement de l’impôt est différé dans le temps, l’opération ne générant aucun coût fiscal immédiat.

Dans un second temps, la holding va céder les titres apportés ; Si cette cession intervient plus de 3 ans après l’apport, le report d’imposition est maintenu et la holding disposera librement des liquidités.

En revanche si la cession intervient rapidement, le report tombe en principe sauf si la holding prend l’engagement de réinvestir dans une activité économique, au moins 60 % du produit de cession, et cela, dans un délai de 2 ans suivant la cession des titres apportés.

Le respect de ce délai, finalement assez court, est extrêmement important et la pratique démontre que l’opération sera d’autant plus aisée à finaliser qu’elle aura été bien anticipée. En clair, la clé de la réussite de cette stratégie patrimoniale, c’est un projet de réinvestissement défini le plus en amont possible.

Attention à bien mesurer la volumétrie : L'apport peut ne porter que sur une fraction des titres à céder : le solde sera vendu à titre personnel et imposé en conséquence. Mais c’est un moyen pour le dirigeant cédant de disposer de liquidités personnelles rapidement pour mettre en place une stratégie patrimoniale tout en redéployant une ou plusieurs activités économiques.

D’étroites contraintes entourent donc ce type d’opération afin d’en sécuriser les contours juridiques et fiscaux et d’écarter toute remise en cause il est donc essentiel de s’informer pour bien mesurer l’ensemble des paramètres de l’opération.

La donation-cession est une stratégie utilisée par les chefs d'entreprise souhaitant céder leur société à un tiers tout en transférant à titre gratuit tout ou partie du produit de cession.

Cette opération consiste à faire précéder la cession d'une donation afin de purger la plus-value latente grevant les titres. Les droits de donation, sont calculés à partir de la valeur vénale des titres déclarée dans l'acte de donation. Lors de la cession ultériieure des titres, la plus-value est réduite pour le donataire cédant.

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La cession de son entreprise constitue un moment clé pour le dirigeant qui doit l’inviter à réfléchir à des dispositions familiales et à mettre à plat sa situation et son organisation patrimoniale ;

Quand un objectif transmissif est clairement identifié, la stratégie consistant à donner les titres de la société avant de les céder peut valablement être envisagée.

Cette opération de donation avant cession consiste, plutôt que de vendre des titres puis donner tout ou partie du produit de cession, à inverser la chronologie c’est-à-dire à donner les titres, avant que le donataire ne les cède à l’acquéreur.

Ce séquencement permet de réactualiser le prix de revient dans le patrimoine du donataire et d’effacer partiellement ou totalement la plus-value de cession. Dit autrement donner avant de céder permet de ne payer qu'un impôt (les droits de donation) au lieu de deux (les droits de donation et l'impôt sur la plus-value).

La donation des titres peut être réalisée en pleine propriété ou en nue-propriété selon que le donateur entend ou non se réserver l’usufruit, en vue de se préserver une source de revenus. Dans ce dernier cas, la donation portant sur la seule nue-propriété, ne permettra d’effacer la plus-value latente que partiellement. La cession des titres démembrés donnera lieu à une ventilation du produit de cession entre usufruitier et nus-propriétaires mais le plus souvent à un remploi du prix de cession dans un bien lui-même démembré.
Un panachage entre donation en pleine propriété et en nue-propriété est souvent retenu.

La donation précession nécessite de respecter un certain nombre d’exigences, parmi lesquelles on peut citer : le respect d’un bon séquencement : la donation doit avoir lieu avant la cession c’est-à-dire avant le transfert de propriété des titres, la sincérité de la donation, et la dépossession irrévocable du donateur.
Le caractère sensible de ces opérations attractives sur le plan patrimoniale et fiscal, requiert pour conserver toute son efficacité, une attention particulière, beaucoup d’expertise et en tout état de cause, le concours d’un praticien averti.

La garantie d’actif ou de passif est un engagement personnel du cédant, qui vise à garantir le repreneur contre des variations futures à la hausse du passif ou à la baisse de l’actif pour une cause antérieure à la cession. Elle comporte souvent une contre-garantie bancaire destinée à accroître la protection de l’acquéreur.

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La garantie d’actif-passif, ou GAP est une garantie qu’un cédant accorde au cessionnaire lors de la vente de son entreprise. L’objectif de l’acquéreur est de se prémunir contre l’apparition d’un passif ou d’une diminution d’actif après la cession, comme un redressement fiscal, un contentieux prudhommal ou environnemental. De même l’actif peut se retrouver surévalué si par exemple des créances douteuses n’ont pas été assez provisionnées.

Si un passif imprévu apparait après la transaction, l’acquéreur peut se retourner contre le vendeur pour être indemnisé selon les termes prévus dans le contrat.

Généralement, ce contrat négocié entre les parties fixe un plafond d’indemnisation, une franchise, une durée limitée, souvent entre 3 et 5 ans.

Afin de sécuriser l’acquéreur sur le paiement de l’indemnité, une contre garantie est généralement fournie par le vendeur, souvent un pourcentage du prix de cession bloqué pendant la durée de la GAP.

Plusieurs types de contre garantie existent : séquestre, caution bancaire ou encore garantie à première demande. Chacune a ses caractéristiques propres aussi le vendeur et l’acquéreur doivent être vigilants sur la contre-garantie proposée.

Il est notamment recommandé d’éviter les actes dit hybrides, mixant deux types de contre garantie qui sont source d’interprétation et sujet à des contentieux abondants.

La garantie d’actif et de passif est un outil clé pour sécuriser une cession d’entreprise que ce soit du point de vue du cédant ou du cessionnaire, dont les intérêts sont souvent divergents. Il est donc essentiel de se faire accompagner d’un conseil pour protéger les intérêts de chacun.

Intervenantes

Retrouvez ci-dessous une présentation de chacune de nos intervenantes.

Diplômée en droit des affaires et fiscalité (Paris II Assas), en histoire (Paris IV Sorbonne) et lauréate en 1996 de Sciences Po Paris (section ECOFI), Céline a exercé le métier d’avocat fiscaliste au sein d’équipes fiscales de cabinets internationaux et, depuis 2005, travaille au sein de l’équipe d’Ingénierie Patrimoniale de BNP PARIBAS Banque Privée.

Elle dirige aujourd’hui les équipes d’Ingénierie et du conseil patrimonial et a sous sa responsabilité l’équipe des Ingénieurs patrimoniaux en région, l’Ingénierie patrimoniale digitale, les équipes du conseil patrimonial, le pôle retraite et prévoyance ainsi que le pôle gestion patrimoniale des titres.

Elle est membre du Comité Exécutif de la banque privée.

Céline Cymer-Mannucci — Responsable de l’Ingénierie et du Conseil patrimonial

Diplômée d’un DEA de droit privé de l’économie (Nantes), Christine a d’abord exercé des fonctions de juriste en droit des affaires au sein de la Direction Juridique de BNP PARIBAS et a rejoint en 2002 la Banque Privée en tant qu’ingénieur patrimonial.

Elle est notamment porte-parole de la Banque Privée sur les questions patrimoniales et fiscales.

Elle a exercé les fonctions de Juge et de Présidente de Chambre au Tribunal de Commerce de Nantes pendant 10 ans.

Christine Valence — Ingénieur patrimonial BNP Paribas Banque Privée

Diplômée d'une Maîtrise d'Ingénierie de la Banque, Finance et Assurance à Dauphine ainsi qu'un DESS en Evaluation et Transmission des entreprises, Sandrine a exercé le métier d'Ingénieur patrimonial au sein de divers établissements bancaires puis au sein de la Banque Privée de BNP Paribas depuis 2008. Sandrine est actuellement responsable des Ingénieurs patrimoniaux d'une région.

Sandrine Lacroix — Ingénieur patrimonial BNP Paribas Banque Privée

Pour aller plus loin : Développer et transmettre une entreprise