Immobilier d’entreprise et dirigeant
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Le choix du mode de détention de l’immobilier professionnel, au bilan de l’entreprise ou au sein du patrimoine personnel, induit des conséquences fiscales, financières et patrimoniales.
Quelle structuration retenir ? Faut-il privilégier une détention directe ou via une société immobilière ?
Résumé des épisodes
L’inscription de l’immobilier professionnel au bilan de la société d’exploitation présente des attraits fiscaux pendant la phase de détention qui ne doivent pas occulter les inconvénients lors de sa revente.
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L’inscription de l’immobilier professionnel au bilan de la société d’exploitation présente quelques attraits :
Tout d’abord, la valeur des constructions qui sont inscrites au bilan, donne lieu à un amortissement déductible du résultat imposable de la société. Attention, l’amortissement ne concerne que les constructions à l’exclusion du terrain.
Ensuite, les frais d’acquisition peuvent être soit déduits pour leur montant total l’année de leur paiement ou intégrés à la valeur de la construction et donc amortis sur la même durée.
Enfin certains travaux réalisés sur l’immeuble comme des travaux d’agrandissement peuvent ouvrir droit également à un amortissement.
Sous certaines conditions, en cas de transmission de la société, l’allègement fiscal qui peut résulter de la mise en place d’un pacte Dutreil s’articule mieux avec la détention de l’immobilier d’exploitation au bilan. En revanche, cette solution peut s’avérer pénalisante au moment de la revente du bien immobilier ou de l’entreprise. En effet, la cession de l’actif immobilier détenu par la société va entrainer la taxation d’une plus-value professionnelle. Or, le calcul de cette dernière intègre les amortissements qui ont été précédemment déduits, augmentant sensiblement le coût fiscal de l’opération.
La cession de la société elle-même peut également révéler un point faible de ce mode de détention : la valeur patrimoniale est augmentée par la présence au bilan de cet immobilier. Cela peut constituer un frein pour le repreneur qui doit d’endetter de manière plus importante sans accroitre pour autant la rentabilité de son opération. De plus si le cédant souhaite conserver l’immobilier il doit préalablement à la cession sortir le bien du bilan avec souvent des frottements fiscaux à la clef.
Le dirigeant peut constituer une SCI, laquelle aura pour objet d’acquérir et de louer les murs professionnels à sa société d’exploitation. Cette façon de procéder permet :
- de soustraire l’immeuble aux risques de l’exploitation commerciale ;
- de procurer des revenus complémentaires à l’heure de la retraite ;
- de préparer une éventuelle future transmission d’entreprise dans les meilleures conditions ;
- de choisir le régime fiscal adapté à sa situation.
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Cette solution peut permettre à la fois d’organiser la gestion de l’immobilier professionnel tout en développant un patrimoine immobilier familial.
Le processus est balisé : une SCI est constituée par le chef d’entreprise et le cas échéant des membres de sa famille.
La SCI s’endette pour acquérir le bien immobilier professionnel, le locataire est l’entreprise qui lui verse des loyers au prix de marché, eux-mêmes déductibles de son résultat.
A chaque fois que l’entreprise paie son loyer, la dette se rembourse progressivement et la valeur des parts de la société civile augmente d’autant. Si les loyers sont insuffisants pour faire face aux charges et au remboursement de l’emprunt, les associés pourront lui accorder des avances qui seront matérialisées au sein des comptes courants d’associés.
Cette solution remporte un franc succès car elle permet d’isoler l’immobilier de l’entreprise, de le protéger du risque lié à l’exploitation et d’assurer au chef d’entreprise des revenus futurs.
Attention toutefois au choix du régime fiscal applicable : Impôt sur le revenu ou option pour l'impôt sur les sociétés ?
Un choix qui emporte de nombreuses conséquences au moment de la constitution de la société, pour la détermination et l'imposition des revenus et lors de la cession des parts.
L’acquisition de l’immeuble par le biais d’une SCI présente l’avantage de choisir le régime fiscal applicable aux revenus locatifs ainsi qu’à la plus-value de cession. En effet, la société civile sera soumise à l’impôt sur le revenu ou sur option à l’impôt sur les sociétés.
Dans le premier cas, étant détenue par des personnes physiques, le traitement fiscal sera similaire à une détention de l’immeuble en direct. Dans le second cas, l’option à l’impôt sur les sociétés va alléger la charge fiscale durant la période de financement grâce notamment à la déduction intégrale des frais d’acquisition et de la dotation annuelle aux amortissements sur l’immeuble.
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Une SCI peut soit conserver sa translucidité fiscale, soit opter pour l’IS.
En principe, le résultat d’une SCI translucide est imposé selon le régime fiscal de ses associés et donc à l’impôt sur le revenu au titre des revenus fonciers s’il s’agit de personnes physiques, et donc potentiellement jusqu’à 45 % de taux d’imposition plus les prélèvements sociaux. Cela signifie que chaque associé est imposé sur les bénéfices qu’ils aient été distribués ou non.
En cas de cession du bien immobilier par la SCI, c’est le régime des plus-values immobilières privées qui est applicable. Ce régime permet d’obtenir une exonération totale de la plus-value en cas de détention du bien par la SCI depuis plus de 30 ans ;
En synthèse, l’imposition des revenus est élevée mais celle de l’impôt de plus-value est allégée lors de la cession du bien lorsqu’elle intervient à l’issue d’une période longue de détention.
L'option à l'IS permet à l’inverse à la SCI de réduire la fiscalité durant la location du bien. En effet, comme pour la détention du bien immobilier par une société d’exploitation, les amortissements pratiqués sur le bien immobilier sont déduits des loyers perçus. La base d’imposition des revenus est donc plus faible que celles des associés personnes physiques d’une SCI translucide.
Par ailleurs, le taux d’imposition est également réduit puisque le taux de l’impôt sur les sociétés est de 15 % jusqu'à 42 500 € et 25 % au-delà contre 45 % maximum+ les prélèvements sociaux pour la SCI translucide. Les associés quant à eux ne sont imposés personnellement qu'en cas de distribution de dividende s’il y a du résultat distribuable. Or les premières années de location, la déduction des amortissements limitera les résultats distribuables.
L’option à l’IS peut s’avérer pénalisante en cas de cession du bien immobilier par la SCI qui est alors imposée au taux de l’IS sur la plus-value réalisée. Attention, lorsque le bien est vendu alors qu’il a été amorti totalement, la plus-value peut être très proche du prix de cession.
Chaque solution présente des arguments intéressants. Il n’y a ainsi aucune réponse de principe : Tout dépendra du niveau de rendement des biens, de la situation des associés au regard de l'IR, du mode de financement et de leurs projets.
Intervenantes
Retrouvez ci-dessous une présentation de chacune de nos intervenantes.
Diplômée en droit des affaires et fiscalité (Paris II Assas), en histoire (Paris IV Sorbonne) et lauréate en 1996 de Sciences Po Paris (section ECOFI), Céline a exercé le métier d’avocat fiscaliste au sein d’équipes fiscales de cabinets internationaux et, depuis 2005, travaille au sein de l’équipe d’Ingénierie Patrimoniale de BNP PARIBAS Banque Privée.
Elle dirige aujourd’hui les équipes d’Ingénierie et du conseil patrimonial et a sous sa responsabilité l’équipe des Ingénieurs patrimoniaux en région, l’Ingénierie patrimoniale digitale, les équipes du conseil patrimonial, le pôle retraite et prévoyance ainsi que le pôle gestion patrimoniale des titres.
Elle est membre du Comité Exécutif de la banque privée.
Céline Cymer-Mannucci — Responsable de l’Ingénierie et du Conseil patrimonial

Diplômée d’un DEA de droit privé de l’économie (Nantes), Christine a d’abord exercé des fonctions de juriste en droit des affaires au sein de la Direction Juridique de BNP PARIBAS et a rejoint en 2002 la Banque Privée en tant qu’ingénieur patrimonial.
Elle est notamment porte-parole de la Banque Privée sur les questions patrimoniales et fiscales.
Elle a exercé les fonctions de Juge et de Présidente de Chambre au Tribunal de Commerce de Nantes pendant 10 ans.
Christine Valence — Ingénieur patrimonial BNP Paribas Banque Privée

Diplômée d'une Maîtrise d'Ingénierie de la Banque, Finance et Assurance à Dauphine ainsi qu'un DESS en Evaluation et Transmission des entreprises, Sandrine a exercé le métier d'Ingénieur patrimonial au sein de divers établissements bancaires puis au sein de la Banque Privée de BNP Paribas depuis 2008. Sandrine est actuellement responsable des Ingénieurs patrimoniaux d'une région.
Sandrine Lacroix — Ingénieur patrimonial BNP Paribas Banque Privée

Pour aller plus loin : Développer et transmettre une entreprise