Transmission de l’entreprise
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Protéger l’entreprise des aléas de la vie et la transmettre dans les meilleures conditions juridiques et fiscales afin de pérenniser le patrimoine professionnel est un élément clé de la gestion patrimoniale.
Très en amont, le dirigeant doit réfléchir à l’opportunité de mettre en place des mandats de protection dans l’hypothèse où il ne pourrait plus, de son vivant, pourvoir seul à ses intérêts et/ou afin d’anticiper l’administration de tout ou partie de son patrimoine professionnel en cas de décès.
L’opportunité de mettre en place un pacte Dutreil qui a pour finalité d’assurer la pérennité des entreprises familiales en diminuant significativement le coût fiscal de la transmission par donation ou succession des titres de société est à examiner. Il suppose toutefois de remplir des conditions d’application strictes.
Enfin, certains chefs d’entreprise souhaitent à la fois maintenir le caractère familial de l’entreprise, et sécuriser leur train de vie à la retraite, notamment lorsque l’entreprise constitue l’essentiel de son patrimoine. Il peut être alors envisagé de recourir aux techniques à effet de levier du « family buy out » permettant aux enfants repreneurs d’acquérir l’entreprise via la constitution d’une holding qui s’endette.
Résumé des épisodes
La conclusion d’un pacte Dutreil a pour objectif d'assurer la pérennité des entreprises familiales en diminuant significativement le coût fiscal de leur transmission. Il permet d’exonérer, à hauteur de 75 %, sous de multiples conditions, la valeur des entreprises exerçant une activité économique, à l’occasion de leur transmission à titre gratuit. Cet avantage fiscal peut s’appliquer aux donations en pleine propriété, avec réserve d’usufruit, ou encore consécutivement à un décès.
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La conclusion d’un pacte Dutreil permet de faciliter les transmissions d’entreprise, le plus souvent familiales, dans des conditions fiscales favorables.
Pour en comprendre tout l’enjeu, il faut au préalable rappeler qu’une donation est soumise à un taux d’imposition compris entre 0 et 45 % lorsque la donation est réalisée au profit d’un enfant.
Le coût fiscal d’une transmission d’entreprise peut donc s’avérer très élevé.
Le dispositif Dutreil vise à répondre à cette difficulté puisqu’il permet d’exonérer, à hauteur de 75 % la valeur des entreprises transmises. Cet avantage fiscal peut s’appliquer aux donations en pleine propriété, avec réserve d’usufruit, ou en cas de succession.
Cette exonération partielle peut se cumuler avec d’autres avantages tel qu’une réduction de 50 % de la taxation si le donateur a moins de 70 ans et que la donation est consentie en pleine propriété. Mais aussi, un abattement de 100 000 €, entre parents et enfants tous les 15 ans ou encore un délai et un étalement du paiement de la taxation.
A titre d’illustration, imaginons une dirigeante âgée de 65 ans dont la participation au capital de son entreprise est valorisée 6 M€. Elle envisage de la transmettre à sa fille unique qui travaille déjà à ses côtés. Si elle effectue une donation de ses titres en pleine propriété, le coût fiscal pour sa fille serait de 2.4 M€.
Si l’opération est effectuée dans le cadre d’un pacte Dutreil, les droits de donation seraient estimés à 200 000 € environ soit un gain de 2,2 M€.
Mais cette économie suppose de respecter très strictement de multiples conditions.
Parmi ces dernières, on peut citer l’obligation à s'engager à conserver les titres de la société avant et après la transmission ; le fait que l’un des protagonistes doive exercer son activité professionnelle ou une fonction de direction dans la société. Et surtout éviter toutes les opérations pouvant remettre en cause l’exonération pendant les engagements de conservation.
Notre conseil est de ne pas hésiter à recourir à un praticien averti.
Le dispositif Dutreil est d'une grande complexité technique. Il a plusieurs champs d'application (post mortem, réputé acquis…) et est soumis à de nombreuses conditions qui se chevauchent dans le temps et qui varient selon la nature de l’entreprise concernée. La performance fiscale de ce dispositif nécessite la plus grande rigueur quant à l’examen des conditions d’application.
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La sécurisation du pacte Dutreil est essentielle tant sa mise en œuvre s’avère complexe au regard des conditions d’application et des modifications fréquentes du dispositif par les lois de finances successives.
Le texte impose une mise en œuvre cadencée en étant attentif aux délais : dans la plupart des cas il y a la signature d’un engagement collectif d’une durée minimale de 2 ans. Après la transmission, les bénéficiaires doivent aussi conserver les titres concernés pendant une durée de 4 ans. Par ailleurs, l’un des signataires de l’engagement collectif ou l’un des bénéficiaires ayant pris l’engagement individuel, doit exercer dans la société une fonction de direction pendant la durée de l’engagement collectif et les 3 années qui suivent la transmission. Il faut donc identifier un dirigeant potentiel. Il faut penser aussi à mettre un terme à l’EC pour faire démarrer l’engagement individuel.
Il importe également de s’assurer du caractère éligible de l’activité de la société. Celle-ci doit être opérationnelle à titre prépondérant et de manière continue pendant toute la durée des engagements. A ce titre, il faut être particulièrement vigilant en présence de biens immobiliers non opérationnels ou de trésorerie excédentaire.
Par ailleurs, les sociétés ayant pour activité la gestion de leur propre patrimoine mobilier ou immobilier, telles que la location meublée et la location équipée, sont expressément exclues de l’exonération Dutreil.
Attention également en présence d’une holding. Si cette dernière répond à la définition de la holding animatrice, la transmission pourra porter directement sur ses titres.
En revanche, les titres de sociétés holdings passives ne sont pas éligibles à l’exonération Dutreil. Par exception, cette dernière peut s’appliquer de manière indirecte mais avec des spécificités et il faudra veiller à examiner scrupuleusement la chaine de participation et toujours prendre la mesure des conséquences d’éventuelles évolutions en cours de pacte. La vie des entreprises peut imposer de procéder à des opérations de restructuration du capital. Dans ce cas, attention à ce que l’opération envisagée ne vienne à pas remettre en cause le bénéfice de l’avantage fiscal.
Dernier point à souligner : le dispositif Dutreil offre la possibilité de transmettre la seule nue-propriété des titres ce qui peut permettre au fondateur de conserver la perception des dividendes. Mais dans une telle hypothèse, les statuts de la société transmise doivent être ajusté.
Attention enfin à être toujours accompagné par un professionnel avocat ou notaire pour la mise en place et surtout le suivi :
En effet, le non-respect des conditions d'application du dispositif Dutreil rend les bénéficiaires de la transmission redevables du complément de droits de donation ou de succession, de l'intérêt de retard et éventuellement, de pénalités.
De nombreux dirigeants qui souhaitent transmettre leur entreprise à un ou plusieurs enfants, font part de deux objectifs qui peuvent sembler à première vue, contradictoires : à la fois mettre en place un processus de transmission par voie de donation mais également obtenir une contrepartie financière. La solution du family buy out (FBO) qui combine étroitement transmission à titre gratuit et transmission à titre onéreux de titres de sociétés peut être envisagée. Elle s’articule autour de trois opérations distinctes :
- la donation-partage par le chef d'entreprise d'une partie des titres de la société qu'il dirige à ses héritiers ;
- l'apport des titres donnés à une société holding de reprise constituée par le donataire repreneur (ou les donataires repreneurs) ;
- et la cession à la holding du reliquat des titres qu’il n’a pas transmis ainsi que des titres des donataires non repreneurs.
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De nombreux dirigeants qui souhaitent transmettre leur entreprise à un ou plusieurs enfants, font part de deux objectifs qui peuvent sembler à première vue, contradictoires : à la fois mettre en place un processus de transmission par voie de donation et obtenir une contrepartie financière, à savoir récupérer des liquidités au terme de l’opération pour assurer leur train de vie ou financer des projets de vie.
Certains dirigeants rajoutent : il faut que l’opération soit réalisée en préservant l’égalité ou une forme d’équilibre entre tous les héritiers, même s’ils ne sont pas tous repreneurs… Les choses se compliquent alors un peu.
Face à ce triple objectif : transmission, égalité de traitement et perception de liquidités, des schémas ont été développés au fil des années, en recourant aux effets de leviers juridiques, financiers et fiscaux que l’on connait dans les opérations de LBO.
L’opération se déroule généralement en trois phases.
1 ère étape : le ou la chef d’entreprise va déterminer la fraction de sa participation qu’il ou elle entend donner à ses enfants.
Le choix de la donation-partage s’impose au vu de sa supériorité juridique qui permet d’effectuer un partage anticipé de succession du vivant du disposant.
Sur le plan fiscal, la donation peut être accompagnée sous réserve de respecter les conditions, de la signature d’un pacte Dutreil afin de bénéficier de l’abattement de 75 % sur la valeur des titres transmis.
2 ème étape : Si tous les enfants sont repreneurs, ces derniers vont apporter les titres qui leur ont été donnés à une holding généralement constituée à cet effet. Cette dernière va ainsi détenir une fraction de la participation précédemment détenue par le chef d’entreprise.
3 ème étape : Le reliquat de la participation sera cédé à la holding par le fondateur, la holding ayant recours à l’emprunt sous la forme d’un LBO, qui sera remboursé par la perception des dividendes. La société holding sera soumise, sous conditions et sur option au régime mère-filles afin d’exonérer d’IS les dividendes qui lui seront distribués par sa filiale à l’exception d’une quote-part de frais et charges fixée à 5 % du produit total des participations.
En présence d’un seul enfant repreneur et d’enfants non-repreneurs, une variante de FBO peut être aménagée consistant à transmettre une partie des droits sociaux à l'héritier repreneur à charge pour lui de verser une soulte aux autres donataires.
Il pèse sur ces schémas de transmission dont l’efficacité n’est plus à démontrer, de nombreuses contraintes juridiques, économiques et fiscales. D’abord celle liée au pacte Dutreil sans oublier l’examen de la faisabilité financière et économique de l’opération.
Intervenantes
Retrouvez ci-dessous une présentation de chacune de nos intervenantes.
Diplômée en droit des affaires et fiscalité (Paris II Assas), en histoire (Paris IV Sorbonne) et lauréate en 1996 de Sciences Po Paris (section ECOFI), Céline a exercé le métier d’avocat fiscaliste au sein d’équipes fiscales de cabinets internationaux et, depuis 2005, travaille au sein de l’équipe d’Ingénierie Patrimoniale de BNP PARIBAS Banque Privée.
Elle dirige aujourd’hui les équipes d’Ingénierie et du conseil patrimonial et a sous sa responsabilité l’équipe des Ingénieurs patrimoniaux en région, l’Ingénierie patrimoniale digitale, les équipes du conseil patrimonial, le pôle retraite et prévoyance ainsi que le pôle gestion patrimoniale des titres.
Elle est membre du Comité Exécutif de la banque privée.
Céline Cymer-Mannucci — Responsable de l’Ingénierie et du Conseil patrimonial

Diplômée d’un DEA de droit privé de l’économie (Nantes), Christine a d’abord exercé des fonctions de juriste en droit des affaires au sein de la Direction Juridique de BNP PARIBAS et a rejoint en 2002 la Banque Privée en tant qu’ingénieur patrimonial.
Elle est notamment porte-parole de la Banque Privée sur les questions patrimoniales et fiscales.
Elle a exercé les fonctions de Juge et de Présidente de Chambre au Tribunal de Commerce de Nantes pendant 10 ans.
Christine Valence — Ingénieur patrimonial BNP Paribas Banque Privée

Diplômée d'une Maîtrise d'Ingénierie de la Banque, Finance et Assurance à Dauphine ainsi qu'un DESS en Evaluation et Transmission des entreprises, Sandrine a exercé le métier d'Ingénieur patrimonial au sein de divers établissements bancaires puis au sein de la Banque Privée de BNP Paribas depuis 2008. Sandrine est actuellement responsable des Ingénieurs patrimoniaux d'une région.
Sandrine Lacroix — Ingénieur patrimonial BNP Paribas Banque Privée

Pour aller plus loin : Développer et transmettre une entreprise